En France, le télétravail n’a jamais eu autant de succès que pendant cette année 2020. Contraints de renvoyer leurs salariés travailler à domicile, les directeurs d’entreprise ont également dû adapter leurs outils de travail à la situation. Les achats d’appareils électroniques et informatiques, pour équiper les employés à distance, ont été perçus comme un véritable bénéfice pour les fabricants. Cependant, c’est la planète qui risque d’en souffrir et les effets risquent d’être dramatiques. La pollution numérique et le télétravail, une relation nocive ?
Le numérique : un élément pollueur difficile à maîtriser
Le télétravail en développement accru
BNP Paribas 3 Step IT a mené une étude au sujet de l’impact du télétravail sur la pollution numérique. Le travail à distance avait pris de l’ampleur lors du premier confinement et continue sa progression durant cette seconde phase. Pour que les employés ne manquent de rien chez eux, 83% des entreprises ont investi dans du matériel complémentaire.
De plus, 67% savent que le budget consacré aux nouvelles technologies augmentera considérablement au cours des douze prochains mois. Ce sont près de la moitié des sociétés françaises qui prévoient de donner le choix du mode de travail à leurs collaborateurs à la sortie du confinement. L’instaurer de manière permanente est même devenu un objectif pour certaines.
La pollution numérique engendrée par la fabrication des terminaux numériques
Un objet, durant tout son cycle de vie, va générer des émissions de CO2. Le poids carbone est nettement plus élevé au moment de la conception de l’appareil car c’est l’étape qui demande le plus d’énergie. L’ensemble de la chaîne de fabrication est poussé par les énergies fossiles. Par exemple, un smartphone demande des dizaines de métaux provenant du monde entier.
Le design des équipements technologiques, toujours plus fins et plus compacts, est certes esthétique mais pose un problème majeur. Il devient extrêmement compliqué de récupérer les métaux insérés. Seul 1% peut être recyclé.
De plus, la pollution numérique est également dégagée par le fonctionnement d’Internet. De nombreux équipements sont reliés entre eux, et permettent de stocker et transférer les données vers nos supports numériques. Le secteur informatique est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2025, avec la multiplication des usages, cette empreinte carbone risque de doubler.
Les déchets électroniques : une réalité difficile à accepter
Une multiplication des déchets électroniques chaque année
A l’heure actuelle, 53,6 méga tonnes de déchets électroniques, essentiellement des ordinateurs, sont jetées chaque année. Pour avoir un ordre d’idée, cela correspond à 1 000 ordinateurs portables mis à la poubelle par seconde.
Avec la popularisation du télétravail, de l’enseignement à distance et du commerce en ligne, les conséquences pour la planète s’avèrent assez lourdes. En Europe, près du quart des ordinateurs fixes risquent de ne plus être utilisés l’année prochaine. La France enregistrerait même un record, allant jusqu’à 31%. Ces équipements obsolètes viendraient s’ajouter aux déchets numériques déjà bien accumulés.
Une gestion délicate de ces déchets
Interrogés pour l’étude, 33% des dirigeants d’entreprises françaises n’ont aucune idée de l’endroit où finissent leurs déchets électroniques. Et, ils sont 39% à avouer qu’ils continueront de stocker leurs anciens équipements inutilisés. A l’échelle mondiale, ce sont plus de 5% des entreprises qui affirment n’avoir mis en place aucune politique pour traiter ces déchets si particuliers.
La gestion des déchets électroniques met au défi l’environnement depuis plusieurs années et ne risque pas de s’arrêter là, bien au contraire. Le problème étant que les filières de recyclage existantes sont déjà saturées.
Une prise de conscience nettement plus forte
Il n’y a pas uniquement des points noirs dans ce domaine. La prise de conscience est belle et bien réelle dans l’esprit de plusieurs chefs d’entreprise. Puisqu’ils sont plus de 46% à mesurer leur empreinte carbone.
Cette réalité consciente classe la France à la 3ème place des pays européens, derrière la Suède et la Norvège. Mais cette impulsion est freinée par le manque d’implication du gouvernement. Les dirigeants d’entreprise réclament des incitations plus fortes, ou bien un cadre législatif plus de précis
Parmi les revendications des différentes entreprises, celles appartenant à la France souhaitent, à 54% des objectifs obligatoires. Du côté allemand, elles sont 65% à demander des baisses d’impôts pour les plus responsables.
Les solutions à mettre en place pour un télétravail plus écologique
Les labels, un gage de qualité pour équiper ses employés
Puisqu’il faut investir dans de nouveaux appareils numériques afin que les collaborateurs ne manquent de rien à leur domicile, autant choisir des équipements dont la conception respecte l’environnement. Des labels ont vu le jour et permettent de faire les bons choix en termes de production, d’absence de substances nocives, de limitation de la consommation d’énergie, de durée de vie et de recyclage.
Pour citer quelques labels, voici une liste non-exhaustive :
- Nordic Ecolabel se bat pour garantir une production écologique depuis 1989.
- TCO Certified certifie, dans le monde entier, la durabilité des produits informatiques en favorisant les équipements pouvant être réparés, améliorés ou encore recyclés.
- EPEAT est un écolabel qui a vu le jour en 1992. Il distingue les appareils selon des caractéristiques établis dans un cahier des charges.
Les fournisseurs d’énergie verte au service des entreprises
Ce n’est pas un secret, la surconsommation d’électricité est un véritable désastre pour l’environnement. Lorsque l’électricité provient d’une centrale thermique, elle fonctionne par le biais du charbon, du gaz ou du fioul. Pour l’énergie nucléaire, le bilan carbone est de meilleure qualité mais, en cas d’incident, les répercussions peuvent être dramatiques pour notre planète.
Heureusement, aujourd’hui, il existe une électricité d’origine renouvelable. D’ailleurs, les fournisseurs sont de plus en plus nombreux à proposer des contrats d’électricité verte, en provenance d’éoliennes, de panneaux solaires, de sources hydrauliques, de la géothermie. Les professionnels du secteur les plus engagés sont Enercoop, Planète OUI, Ilek ou encore Urban Solar.
Des usages quotidiens à améliorer
Lorsque nous nous trouvons devant notre ordinateur, ils ont des pratiques très mécaniques. Bien qu’habituelles, elles ne sont pas forcément propice à réduire la pollution numérique. A titre d’exemple, les recherches sur Google consomment énormément d’énergie. Pour limiter les dégâts, il paraît important de se focaliser sur des mots clés précis mais aussi d’utiliser des moteurs de recherche responsables ou de s’appuyer sur ses favoris et son historique de navigation. D’ailleurs, n’oubliez pas de fermer vos onglets inutilisés.
Pendant les temps où vous n’utilisez pas votre ordinateur, adoptez les bons réflexes ! Si ce moment de break dure plus d’une heure, éteignez votre ordinateur. En effet, le mode veille consomme entre 20 et 40% d’énergie. En fin de journée, n’hésitez pas à déconnecter ou débrancher l’ensemble des appareils. D’ailleurs, lorsque vous vous connectez, privilégiez une connexion wifi ou filaire plutôt que votre 4G.
La réunion en viso est devenue une grande tendance durant cette période délicate où les contacts physiques sont à limiter. Pourtant, se réunir en utilisant uniquement le son permet de réduire de 1 000 fois la consommation de la bande passante. Et puis, vous pouvez rester en pyjama !
Toutes les actions, aussi minimes soient elles, mises bout à bout permettent de créer un impact fort sur l’environnement. La digitalisation et le télétravail ne sont pas incompatibles avec le développement durable, alors autant s’y pencher dès aujourd’hui.