Lors du Climate Finance Day, les acteurs de la finance parisienne ont décidé de créer un Observatoire de la finance durable. Les objectifs sont nombreux mais cet outil doit pouvoir suivre la progression des acteurs financiers ayant décidé d’opter pour des engagements en vue d’une finance plus responsable. C’est une première en Europe, qui ne laisse pas sans fierté les membres actifs de cette initiative. Cela montre qu’en France, nous avons une certaine avance sur le secteur et que nous souhaitons transmettre les bonnes pratiques autour de nous.
La place de la finance durable
Dans le domaine de la finance, la gestion responsable, représentée par les fonds ISR et les autres approches des critères ESG, pèse plus d’1.861 milliards d’euros. Les contrats d’assurance vie ne sont pas en reste puisque 76% d’entre eux ont déjà référencé des unités de compte ISR, Greenfin ou encore éthiques et solidaires.
L’article 173 de la loi de transition énergétique et écologique est une innovation française. Entré en vigueur en 2016, il fait de la France le premier pays qui impose à ses investisseurs institutionnels une intégration, dans leur communication publique, des dimensions environnementales, sociales et climatiques. Il est adressé aux assurances, aux mutuelles, aux sociétés de gestion, aux institutions de prévoyance et de retraites complémentaires, qu’elles soient publiques ou privées.
Il est également important de savoir qu’en 2019, le capital-investissement français a investi dans les cleantech à hauteur de 1,2 milliards d’euros. Les banques françaises ont, quant à elles, accordé 230 milliards d’euros de crédits verts ou durables en 2019. Cela représente tout de même 16% de leur encours de prêts. Un quart des émissions mondiales d’obligations climat est effectué par des banques françaises.
Qui est derrière cet Observatoire ?
Cet outil de mesure est géré par Finance for Tomorrow, Paris Europlace, les fédérations françaises de l’assurance et de la banque, l’Association française de la gestion financière, ainsi que France Invest. Une étroite collaboration est menée avec un Comité scientifique et d’expertise. Douze personnalités reconnues sont représentées dont Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille Fields en 1994.
Tout ce beau monde pourra également compter sur l’Ademe, PwC et l’Association française des sociétés financières. Ces derniers ont un rôle dit d’observateurs. L’Ademe tiendra également la présidence d’un comité d’organisation et devra assurer le respect des délais et des objectifs de cet Observatoire.
D’ailleurs, cet outil prend part au projet “FinanceClimAct”, piloté par l’Ademe. Il s’agit d’un programme visant à développer des outils dans l’optique de décarboner les flux financiers. Dans le cadre du programme LIFE, un soutien aux programmes œuvrant dans les domaines de l’environnement et du climat, FinanceClimAct avait remporté un appel de la Commission européenne.
Quelles sont les actions entreprises ?
La question est la suivante : comment construire une économie bas-carbone mais qui reste performante pour agir en faveur du changement climatique ? Le secteur financier est l’un des plus conscients face à cet enjeu constant et d’actualité. L’objectif est clair et précis : le secteur financier s’engage à faire baisser le réchauffement planétaire afin qu’il soit inférieur à 2°C.
Comment ? En s’unissant et en alignant les activités pour qu’elles ne produisent plus aucune émission en 2050. Cette ambition est conforme aux objectifs donnés lors de l’Accord de Paris à propos du climat ainsi qu’aux engagements pris par l’Union européenne.
Et les thématiques étudiées ?
L’Observatoire souhaite rassembler les données sectorielles et les différents engagements individuels. Il y a une volonté certaine de transparence, c’est pour cette raison que l’ensemble des éléments mis en ligne sur www.observatoiredelafinancedurable.com sont disponibles en open-data.
Ce sont des données inédites qui permettent de rendre compte de l’ensemble des actions menés par les différents secteurs financiers. Elles sont classées selon quatre thématiques.
1. La gestion responsable
Au sein même des organismes concernés, la gestion se veut éthique et dans un contexte de développement durable.
2. La transition vers une économie bas-carbone
La mise en place de placements et d’investissements durables est de mise. Les encours se placent sous analyse climat. L’apparition de montants des crédits rénovation énergétique pour les particuliers est attendue.
3. La sortie du charbon
Le montant des encours est soumis à la stratégie charbon mise en place par l’Observatoire. Les statistiques sur les stratégies charbon des différents acteurs financiers doivent clairement être identifiées. La date de sortie et les seuils retenus sont à mentionner. Cette thématique fait également référence à l’exposition au charbon thermique des banques et des assurances.
4. L’offre de produits responsables
355 acteurs sont recensés de manière volontaire par l’Observatoire afin d’étudier leurs engagements publics. Tous les acteurs financiers qui le souhaitent sont appelés à participer en rejoignant cette initiative éthique.
Une ouverture sur le monde
L’Observatoire de la finance durable ne compte pas rester dans l’hexagone et tend à dépasser les frontières. Il se veut être un élément déclencheur pour d’autres initiatives de même ampleur; à l’échelle européenne, voire mondiale.
L’Observatoire fait partie intégrante du réseau FC4S-Financial Center for Sustainability. C’est pour cette raison que Finance or Tomorrow partagera, avec d’autres centres financiers son retour d’expérience ainsi que les enseignements retenus.
L’objectif est donné par l’Observatoire de la finance durable. D’ici 2025, l’outil devrait être étoffé. Il sera notamment possible de calculer l’alignement des portefeuilles d’investissement des acteurs de la Place en fonction des objectifs de l’Accord de Paris. Si possible, il faudrait enrichir les données par le biais de mesures de l’impact sur l’économie réelle.