La Nouvelle-Zélande jouit d’une excellente réputation en matière de protection de l’environnement : avec ses incroyables paysages et sa biodiversité unique au monde, le pays attire des touristes venus du monde entier. La coalition du Parti Travailliste et du Parti vert, élue en 2017, affiche aujourd’hui clairement ses intentions en matière d’écologie. Le premier ministre actuel, Jacinda Ardern, a en effet annoncé viser la neutralité carbone pour 2050. Une nouvelle loi récemment présentée traduit cet engagement : l’obligation pour les banques néo-zélandaises de faire part de leur impact sur l’environnement.
Des décisions qui répondent à de réels enjeux
Tourisme, agriculture et banques… tout le monde s’y met !
Des mesures ont d’ores et déjà été prises par le gouvernement en ce sens. Il a récemment été décidé que la Nouvelle-Zélande n’exporterait plus de bétail par voie maritime. Une décision forte puisque l’exportation de bovins par cette voie représente environ 42 millions de dollars de revenus annuels et implique deux partenaires commerciaux extrêmement importants : l’Australie et la Chine. Si la mesure ne fait pas l’unanimité, le ministre de l’Agriculture, Damien O’connor, a pour sa part invoqué le respect du bien-être animal. En effet, la sécurité des animaux ne peut pas être garantie en mer et s’il arrivait malheur cela engagerait directement la Nouvelle-Zélande.
Autre nouveauté: une taxe réservée aux touristes pour financer la transition écologique et maintenir les infrastructures touristiques. Le tourisme est de fait l’une des activités économiques les plus importantes du pays. L’annonce de cette nouvelle mesure contraignante pour les banques néo-zélandaises survient donc dans un contexte de prises de décisions fortes en faveur de la protection de l’environnement.
Ces décisions peuvent toutefois sembler surprenantes dans un pays qui semble si bien préservé. La Nouvelle-Zélande n’est-elle pas déjà une championne de l’écologie ?
L’état inquiétant de la biodiversité
Un rapport, publié en 2019, statue de l’état inquiétant de la biodiversité néo-zélandaise : 4000 espèces en voie d’extinction, la pollution des eaux, la disparition des deux tiers des forêts endémiques (n’existant que dans cette région)…
Ces changements néfastes ont plusieurs causes, notamment dues au récent et important développement économique du pays. Les secteurs de l’activité industrielle, de l’élevage intensif ou du développement des transports routiers ont bien évidemment eu un impact sur l’environnement néo-zélandais.
L’élevage est la plus grande industrie du pays avec 40 millions de moutons et 10 millions de bovins. Historiquement, ce secteur a été à l’origine d’un boom économique en Nouvelle-Zélande dans les années 50. Durant la guerre de Corée, les Américains avaient un besoin important en laine, ce qui a entraîné une hausse du prix de la laine et permis aux fermiers néo-zélandais de prospérer. On appelle cet épisode le “wool boom” ou boom de la laine. L’élevage intensif est néanmoins particulièrement polluant puisqu’il génère du méthane, un gaz ayant un impact extrêmement nocif sur le réchauffement climatique.
L’agriculture est également un facteur clé… N’avez-vous jamais mangé de kiwis de Nouvelle-Zélande ? Le problème est l’utilisation de pesticides, beaucoup moins réglementée que celle appliquée en Europe.
Le tourisme n’est évidemment pas non plus anodin : location de véhicules parfois très vieux, vols d’hélicoptère pour admirer les glaciers, présence humaine très importante à un endroit habituellement peu peuplé…
Fort heureusement, une véritable prise de conscience a eu lieu aussi bien au niveau de la population que de la classe dirigeante.
Banques et impact sur l’environnement
Comme nous l’avons mentionné dans un précédent article, l’impact des banques sur l’environnement et le climat n’est pas neutre, chez nous comme en Nouvelle-Zélande. Choisir d’investir dans un secteur polluant ou encourager les pratiques d’une entreprise peu scrupuleuse nuit directement à l’environnement.
En obligeant les acteurs financiers à publier des rapports démontrant l’impact de leurs investissements sur le climat, la Nouvelle-Zélande deviendrait le premier pays à appliquer une telle mesure. Le Ministre du Commerce David Clark a exprimé le souhait d’être un exemple et d’encourager d’autres pays à faire de même. Sont concernés par cette nouvelle loi, qui devrait être obligatoire d’ici 2023 :
- Les banques
- Les compagnies d’assurance
- Les sociétés d’investissement
L’impact sera double : d’un côté, les institutions financières devront faire preuve d’une plus grande vigilance. Sans qu’il leur soit imposé de privilégier tel ou tel investissement, ils intégreront dans leur processus de décision l’impact environnemental car ils sauront qu’un impact néfaste serait une mauvaise publicité. Cela engendre le deuxième impact : la population, les clients, auront facilement accès à ces rapports. Cet indicateur aura très certainement une incidence sur leur décision finale : entre deux acteurs, celui qui pollue le moins aura la préférence ! En contraignant les banques à publier des rapports qui témoignent de leur impact sur l’environnement, la Nouvelle-Zélande devient pionnière dans une loi