Le désir des consommateurs de donner du sens à leur argent se faisant de plus en plus pressant, on assiste à l’émergence d’alternatives aux modes de consommation traditionnels. Cela concerne des secteurs de consommation de tous les jours, comme par exemple l’alimentation avec l’essor du bio, la seconde main dans le domaine du textile, le reconditionné pour les outils technologiques… Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il touche aujourd’hui pratiquement tous les secteurs d’activité, y compris la finance. On trouve donc aujourd’hui divers types de finance qui s’opposent à la finance que nous connaissions : finance verte, durable, solidaire, éthique… Quel sens revêt chacune de ces formules ?
La finance durable
Le terme de finance durable est ce que l’on pourrait appeler un terme « parapluie ». C’est lui qui regroupe tous les autres types de finance. La Banque de France désigne cette finance comme « l’ensemble des pratiques et réglementations financières visant à favoriser l’intérêt de la collectivité sur le moyen-long terme. » L’adjectif durable est directement corrélé aux principes du développement durable, un secteur qui n’a cessé de se développer depuis les années 70 avec la première conférence sur l’environnement des Nations Unies. Le développement durable consiste à intégrer des contraintes sociales et environnementales au développement économique en visant des perspectives à long terme.
De fait, dans la finance durable, on prend non seulement en compte les performances financières mais également les performances extra-financières d’un fonds ou d’un produit. Ces derniers sont basés sur les critères ESG : environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ainsi, une société de gestion ou une entreprise ne devra pas seulement rendre compte de ses performances mais aussi de son impact externe et de son fonctionnement interne.
La finance responsable
L’investissement socialement responsable
La finance responsable rejoint la finance durable sur plusieurs points, comme l’application des critères ESG. Elle a pour but de financer les projets dits “socialement responsables”. Ce terme est encadré par le label ISR (Investissement Socialement Responsable), lancé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances avec pour but la mise en valeur des fonds engagés auprès des épargnants.
Ce label s’applique aux :
- OPCVM investis en actions et ou en obligations,
- FIA,
- SCPI,
- OPCI,
- Mandats de type institutionnel.
Les critères du label ISR
Le label ISR repose sur six piliers :
- Communiquer aux investisseurs et aux épargnants des objectifs qu’il poursuit au travers de la prise en compte des critères ESG,
- Mettre en place des moyens et des outils nécessaires pour décrire sa stratégie de sélection des actifs/titres ESG dans le cadre de valeurs mobilières, ou analyser la performance ESG des actifs en phase d’acquisition et ce tout au long de leur période de détention pour SCPI et OPCI.
- Préciser comment il va prendre en compte les résultats de son analyse ESG dans ses décisions d’investissement, sa sélection des valeurs et ses processus de gestion,
- Présenter sa politique de vote aux assemblées générales des sociétés dans lesquelles il a investi et la publier sur son site internet. Il doit aussi détailler les moyens dédiés à sa politique de vote et le nombre de démarches engagées vis-à-vis des émetteurs pour les valeurs mobilières. Pour les SCPI et OPCI, le fonds met en œuvre les moyens et outils nécessaires pour engager les locataires, les gestionnaires des immeubles et les prestataires de travaux dans sa démarche.
- Communiquer de manière claire et transparente sur sa stratégie et les résultats de sa mise en œuvre auprès des investisseurs. Le fonds doit aussi mettre en place un dispositif adapté pour contrôler le respect de ses engagements.
- Communiquer sur l’évolution des performances ESG de chaque entreprise dans laquelle il a investi. Il met en place un dispositif de mesure et de suivi pour évaluer les impacts positifs de la stratégie mise en œuvre.
La finance verte
Un type de finance spécifique
La finance verte est plus spécifique : elle concerne directement les opérations financières qui luttent contre le changement climatique et cherchent à favoriser la transition énergétique. La transition énergétique concerne de façon globale la modification structurelle des modes de production et de consommation de l’énergie. Dans le cas français, la loi « relative à la transition énergétique pour la croissance verte » a été promulguée le 17 août 2015. Selon le gouvernement qui l’a mise en place, son but est de « contribuer plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et de renforcer l’indépendance énergétique de la France, tout en garantissant un accès à l’énergie à des coûts compétitifs. » Dans le cadre de la finance verte, deux outils principaux sont utilisés.
Les green bonds ou obligations vertes
Lorsque l’on parle de green bonds ou d’obligations vertes, on parle d’émission obligataire (émission d’obligations, des titres de créance avec une promesse de remboursement du capital et des intérêts ) à l’initiative d’une entreprise ou d’un État pour financer un projet ayant un bénéfice environnemental.
Le label Greenfin, ancien TEEC
Le label Greenfin, anciennement TEEC (Transition énergétique et écologique pour le climat), a été créé en 2015 par le Ministère de l’écologie. Il est délivré par Novethic, EY France et l’AFNOR. Sa particularité est notamment d’exclure les fonds investissant dans le nucléaire et les énergies fossiles. Il peut s’appliquer à une large palette de fonds ; pour obtenir ce label, un fonds doit justifier qu’un pourcentage majoritaire de ses actifs concerne des activités durables comme :
- L’énergie,
- Le bâtiment,
- La gestion des déchets et le contrôle de la pollution,
- L’industrie,
- Le transport propre,
- Les technologies de l’information et de la communication,
- L’agriculture et la forêt,
- L’adaptation au changement climatique.
La finance solidaire
Le lien avec l’ESS
La finance solidaire a un lien direct avec l’ESS, l’économie sociale et solidaire. Selon le Ministère de l’économie des finances et de la relance, l’ESS désigne « un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques. »
Le label Finansol, géré par FAIR
Ainsi, le but de la finance solidaire est d’avoir un impact socialement positif. Cela touche principalement des thèmes sociétaux comme la lutte contre le chômage, l’accès au logement, la solidarité internationale… Encadrée par le label Finansol et gérée par l’association FAIR, la finance solidaire être identifiée dans divers produits :
- FCPE,
- Livrets d’épargne,
- SICAV,
- Actions,
- Comptes à terme,
- Assurance vie,
- Fonds « 90/10 »,
- Épargne salariale,
- Actionnariat solidaire…
La finance éthique
On rencontre également parfois le terme de « finance éthique » ; ce dernier se rapporte davantage à des valeurs et à des critères plus subjectifs. En effet, on peut légitimement se poser la question de savoir si ce qui est légal est forcément éthique, et si la réponse est non, comment déterminer ce qui n’est pas éthique ? Ainsi, la finance éthique fonctionne davantage sur des critères d’exclusion, essayant de mettre à l’écart des secteurs qui iraient à l’encontre des valeurs de l’investisseur : le tabac, l’alcool, la pornographie, les armes… Cette recherche de droiture morale dans le secteur de la finance a débuté aux États-Unis au 20ème siècle sous l’impulsion de plusieurs communautés chrétiennes. En France, c’est Soeur Nicole Reille qui crée le premier placement éthique en 1983.
La finance à impact
La finance à impact a pour but de générer un impact concret d’un point de vue environnemental ou social. Pour cette finance, l’analyse des retombées est primordiale puisqu’elle connaît une obligation de résultat.
La finance inclusive
La finance inclusive vise à fournir des services financiers de qualité à des personnes ayant de faibles revenus. Elle s’est d’abord appuyée sur les microcrédits, inventés par l’économiste Muhammad Yunus. En 2003, l’ONU a par ailleurs fait de l’inclusion financière l’un des enjeux majeurs du développement.