On en entend fréquemment parler ; le besoin de sens au travail se fait de plus en plus sentir pour les personnes en activité. Est-ce une nouveauté ? Difficile à dire, mais les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de diffuser à grande échelle ces questionnements autour du sens de sa profession. La pandémie a également remis en question le rapport au travail de nombreuses personnes. Alors, comment redonner ou donner du sens à son travail ?
Burn-out, bore-out, brown-out…
Des pathologies liées au travail
Si le burn-out, état d’épuisement généralisé lié à une dégradation du rapport d’une personne à son travail, est dorénavant connu du grand public, des variantes ont été théorisées. C’est le cas par exemple du bore-out et du brown-out.
Dans le premier cas, il s’agit également d’un état de fatigue et de déprime lié à l’ennui que nous évoque notre travail. Tâches ennuyeuses et répétitives, manque de travail, fait d’être surqualifié… Ce type de situation mène à un mal-être quotidien auquel peut s’ajouter un sentiment de honte ou de culpabilité.
Le brown-out et les bullshits jobs : la perte de sens au travail
Le brown-out est le terme le plus récent. Il a été développé à partir du concept de bullshits jobs, ou « boulots à la con » en français. C’est l’anthropologue et Professeur David Graebler qui théorise cette notion. Selon lui, la société moderne, très mécanisée et nécessitant donc moins de travailleurs, a donné naissance à des métiers vides de sens pour occuper la population.
Ainsi, nombre de travailleurs finissent par se questionner sur la pertinence des tâches qu’ils accomplissent jour après jour. Il existe différents symptômes mais on retrouve bien sûr une perte de joie de vivre générale. On se sent inutile, on n’a pas envie d’aller travailler, tout nous semble absurde, on perd le sens de l’humour… S’il est normal d’avoir des coups de mou, le brown-out s’installe pour sa part durablement et il n’y a que très peu, voire pas du tout d’améliorations.
D’où vient cette baisse de motivation ?
Différents facteurs entrent en jeu. Il y a bien sûr la nature des tâches que vous accomplissez. Si vous vous rendez compte que, fondamentalement, vous êtes allergique à ces tâches, c’est que ce métier n’est pas fait pour vous. Il est également possible que votre profession ne soit pas alignée avec vos valeurs. Par valeur, on entend les choses qui vous tiennent à cœur et qui font partie de vous. Si vous vous refusez à mentir et que pour des fins commerciales on vous invite à le faire, votre métier entre clairement en contradiction avec qui vous êtes.
Alors, que faire pour donner du sens à son travail ?
Tout plaquer, est-ce une bonne idée ?
Lorsque l’on se rend compte que la situation a trop duré, on peut être tenté de tout abandonner du jour au lendemain ! Il est cependant bon de calmer ses ardeurs et de réfléchir sereinement à sa position. Pourrez-vous rebondir par la suite ? Avez-vous une idée, même vague, de ce que vous pourrez faire après ? Si vous êtes encore dans vos études, ne serait-il pas plus judicieux de terminer le cycle pour ensuite passer à autre chose ? La détresse psychologique ressentie dans ces moments-là peut parfois faire réagir abruptement : quel que soit votre choix, partir ou rester, pesez bien le pour et le contre.
Se connaître, avant tout chose
Cela sonne comme une lapalissade mais c’est primordial ! En effet, peut-être que ce travail ne vous convenait pas mais qu’une autre personne s’y épanouit pleinement. Est-ce votre faute ? Pas du tout ! Cela ne correspond simplement pas à votre personnalité et vos aspirations. Vous n’avez pas envie de rester 8 heures par jour derrière un écran ? Vous souhaiteriez plutôt déménager à la campagne ? Vous souhaitez avoir des contacts avec la clientèle ? Les réponses à ses questions vous permettront de trouver ce qui vous correspond davantage.
Pour ce faire, comparez vos différentes expériences professionnelles et voyez ce que vous avez aimé et détesté dans chacune d’entre elles.
Donner du sens, pour vous !
Qu’est-ce qui vous tient à cœur ?
Il est rare d’entendre parler d’un métier parfait. Un travail comporte son lot de désagréments, de tâches que l’on aime un peu moins… Ce qui va principalement compter est le sens que vous, vous donnez à ce que vous faites. Si pour vous le plus important est de transmettre et de donner le goût d’apprendre à des enfants, alors les longues corrections de copies seront bien plus supportables. Si vous travaillez pour une association dont la cause vous est chère, vous aurez quotidiennement la sensation d’œuvrer pour le bien commun.
Reprendre ses études, se former, passer un concours…
Si vous pensez avoir trouvé votre voie, il se peut que vous ayez besoin de vous former de nouveau. Faire un bilan de compétences peut également vous aider à y voir plus clair. Dans tous les cas, sachez que si vos envies changent au fil du temps, c’est tout à fait normal ! Si vous en avez la possibilité, ne vous enfermez pas dans un quotidien qui ne vous correspond pas.
Témoignage d’Alix A.
« Il est vrai que le temps des emplois qui durent toute une vie est révolu ! Et tant mieux, car à 20 ans rares sont ceux qui savent ce qui les fera vibrer, ni ceux qui maîtrisent la complexité du monde du travail. Dans mon cas, après quelques heureuses années d’expérience dans ma spécialité, la flamme pour mon métier a commencé à s’étioler. Certaines de mes valeurs prenaient de plus en plus d’importance dans ma vision du monde, y compris de mon activité professionnelle. La remise en question était telle que je n’arrivais plus à exercer, car mon poste n’avait plus aucun sens !
La suite a été sinueuse : Pôle emploi, spécialistes de réorientation professionnelle, recherches incessantes… et bien sûr des doutes et des craintes. J’ai finalement décidé de ne pas braquer à 360 et tenter d’utiliser les compétences déjà acquises, en les complétant avec une formation d’un an. C’était un bonheur d’apprendre sur les sujets qui me passionnaient vraiment ! Mon chemin de bifurcation n’est pas encore terminé, il faut maintenant faire ses preuves dans le nouveau secteur professionnel. Mais malgré les difficultés, je me sens plus en accord avec moi-même et je le souhaite à chacun. »