Le crowdfunding permet à des entreprises, ou à des lanceurs de projets, de faire connaître leurs idées auprès de particuliers afin de récolter des fonds et de pouvoir en assurer la réalisation. De belles surprises sont survenues, avec la crise sanitaire, notamment dans les secteurs solidaires, de la santé et du crowdfunding immobilier. Comment ces plateformes fonctionnent et quel avenir leur est réservé ?
Le crowdfunding en hausse avec le Covid-19
Les différents types de crowdfunding
Il existe cinq types de crowdfunding, dont certains sont plus ou moins populaires :
- Le crowdfunding en don pur : il s’agit du plus ancien moyen de financement de projets. Il est notamment utilisé pour les œuvres caritatives ou humanitaires. Les internautes se rendent sur la plateforme, ils choisissent l’idée qu’ils souhaitent soutenir et donnent de l’argent sans rien attendre en retour.
- Le crowdfunding en don contre récompense : ce n’est pas le plus ancien mais bien le plus populaire. En France, les plateformes les plus utilisées sont Ulule ou KissKissBankBank. Ici, les internautes participent au financement de projets créatifs, entrepreneuriaux ou bien technologiques. En échange de ce don, ils reçoivent un cadeau lié au projet et qui peut être différent en fonction du montant donné.
- Le crowdfunding en prêt entre particuliers : les internautes décident de prêter de l’argent à des entreprises cherchant à financer un projet. Les particuliers négocient le taux de prêt. Ensuite, les entreprises remboursent la somme qui leur a été prêtée à chaque participant.
- Le royalty crowdfunding : cette technique permet aux entreprises de lever des fonds en échange de royalties sur le chiffre d’affaires. Le retour sur investissement est plus rapide qu’habituellement. L’avantage est double puisque la dilution du capital est évitée pour les entrepreneurs.
- L’equity crowdfunding :par ce biais, les éventuels investisseurs peuvent décider d’investir au capital d’entreprises désireuses. Le processus est simple, efficace et continue de séduire les particuliers.
Les chiffres du crowdfunding en 2020
L’entreprise française Mazars, spécialisée dans l’audit, l’expertise comptable, la fiscalité et le conseil aux entreprises, a publié le baromètre du crowdfunding 2020 en France. Avec la crise sanitaire, les dons sur les plateformes de financement participatif ont plus que doublé par rapport à l’an passé.
Tous dons confondus, l’année 2020 se solde par une collecte de 1 020 millions d’euros. Depuis 2015, les chiffres ont été multipliés par 6,1. Pour rentrer un peu plus dans le détail, les dons sans récompense ont atteint 164 millions d’euros, ceux avec récompense 72,5 millions d’euros. Les dons via un investissement en capital représentent 57,1 millions d’euros et ceux en royalties 2,1 millions d’euros.
Pour les dons se référant aux prêts, durant la pandémie, le gouvernement a mis en place un nouveau dispositif. Afin d’aider les entreprises à surmonter les perturbations occasionnées par le Covid-19, l’Etat a souhaité garantir jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts. Le Sénat a adopté l’amendement numéro 341 et inscrit les plateformes de prêts ayant le statut d’intermédiaire en financement participatif dans le dispositif d’octroi des Prêts Garantis par l’Etat (PGE). Ces derniers deviennent une nouvelle catégorie d’instruments de financement. Ils ont, à eux seuls, collecté 4,9 millions d’euros en une année.
La santé boostée par la solidarité
La part de dons consacrés à la santé et la recherche scientifique a tout bonnement explosé. Elle est passée de 2,7 millions d’euros en 2019 à 15 millions d’euros. La situation actuelle a forcément poussé les particuliers à être plus généreux. La pandémie et les pénuries de matériel médical, au début de la crise, ont énormément marqué les esprits.
Les projets tournant autour des hôpitaux, des services d’urgence et du personnel médical ont suscité un vif intérêt. Dans l’étude réalisée par Mazars, une opération dédiée à la livraison de 12 000 repas à destination de soignants de première ligne a permis de récolter près d’1,6 millions d’euros.
L’élan de solidarité a également touché les domaines du spectacle vivant, de l’audiovisuel et de la musique. Subissant des restrictions de plus en plus fermes, puis des fermetures obligatoires, les professionnels des milieux artistiques ont accueilli à bras ouverts les différents dons et actions solidaires.
Le crowdfunding immobilier
Le crowdfunding immobilier est un système de financement participatif afin de construire ou d’acquérir un bien immobilier. Cette démarche 100% en ligne met en relation des porteurs de projets à des particuliers cherchant à investir.
Définition et mécanisme
Le porteur de projet, dans ce type de crowdfunding, agit généralement en tant que promoteur immobilier. Son rôle est de financer une partie d’un programme immobilier qui a besoin d’investisseurs. Ces derniers vont lui prêter de l’argent sur du court terme. Les opérations se font entre 6 mois et 2 ans.
En contrepartie, le porteur de projet garantit un remboursement du capital investi avec un moment fixé à l’avance. Si un bénéfice a été réalisé, les investisseurs en profiteront. De manière globale, le crowdfunding immobilier permet de financer différents types d’opérations immobilières à l’image de la construction, la rénovation, la location et même le viager.
La trésorerie reste entre les mains du promoteur. Bien souvent, il se sert de la cagnotte obtenue via le crowdfunding pour recourir à un emprunt bancaire. Les banques restent frileuses et octroient un crédit au promoteur uniquement s’il dispose d’un capital d’investissement minimum. Le financement participatif agit comme un gage de sûreté.
Avantages des plateformes
Les projets de construction immobilière ne sont pas toujours de tout repos. Les mauvaises surprises peuvent intervenir à l’image de coûts supplémentaires, de retard ou bien d’ erreurs de la part des prestataires, une offre bien trop supérieure au budget de la demande… Autant d’aléas qui peuvent impacter la trésorerie ou freiner le développement du projet. C’est également pour ces raisons que les promoteurs ont recours au crowdfunding et limitent les risques.
Les plateformes de crowdfunding sélectionnent, parmi les programmes immobiliers, ceux qui répondent aux attentes des investisseurs. Elles étudient attentivement différents critères : s’ils possèdent un permis de construire, s’ils ont une garantie d’achèvement des travaux. D’autres peuvent être plus sensibles à la forme juridique qui a été prise par les acteurs de l’immobilier.
Cette sélection minutieuse a l’avantage de rendre plus pertinentes les propositions aux investisseurs. C’est une opportunité intéressante pour des particuliers éprouvant le désir d’investir dans l’immobilier tout en obtenant rapidement une rentabilité forte.
2021 : l’année du crowdfunding immobilier ?
Le crowdfunding immobilier a dépassé le demi-milliard d’euros de collecte en 2020. Malgré la crise sanitaire, il reste un véritable moteur de croissance pour le financement participatif.
Un marché en pleine croissance
Tous les feux étaient au vert en ce début d’année 2020. La collecte avait progressé de 106%, par rapport au même trimestre en 2019. Mais la crise sanitaire est venue bousculer cette croissance. Les dons mensuels ont été divisés par deux. Cependant, le marché n’avait pas dit son dernier mot. Il est remonté très rapidement et a atteint des sommes 30% plus élevées qu’à l’accoutumée. Les montants moyens investis en 2020 avoisinent les 801,5 euros, alors qu’ils n’étaient que de 685,5 euros l’année dernière.
Le nombre de projets financés est, quant à lui, passé de 241 à 558. Au niveau des remboursements, l’augmentation se veut conséquente. 174 millions d’euros en 2020 contre 111 millions d’euros en 2019. C’est dire à quel point le modèle est résistant ! Néanmoins, l’année 2021 risque de réserver quelques difficultés puisque du retard a été accumulé au niveau des travaux et les chantiers sont soumis à des règles sanitaires strictes qui allongent la durée. Le délai de remboursement est désormais de 21 mois. Le taux de rendement moyen se maintient autour de 9,4%.
Relancer l’économie de manière efficace
Si certains placements immobiliers restent archaïques, le crowdfunding immobilier est moderne et surtout entièrement digital. Cette particularité lui permet de s’imposer dans le paysage des produits d’épargne. C’est pourquoi il a un rôle important à jouer dans la relance économique française. Avec la crise, les Français ont épargné pas moins de 85 milliards d’euros.
Les livrets bancaires traditionnels offrent un rendement très faible aux épargnants. Le crowdfunding s’avère être un placement innovant et performant. Les particuliers choisissent le projet dans lequel ils souhaitent investir leur épargne. Le rendement est plus intéressant et ce à court terme. De plus, la solidarité prime sur cet investissement car les emplois dans le BTP sont préservés. Il répond également à la crise du logement en France, en accélérant le processus de construction et de réhabilitation.
Les grands noms de l’immobilier entrent en jeu
Si, à la base, le crowdfunding était réservé à de petites entreprises ayant besoin d’impulsion, ce n’est plus vraiment le cas. Des acteurs emblématiques de la promotion immobilière sont arrivés sur le marché.
La loi Pacte a rehaussé le plafond de collecte à 8 millions d’euros. C’est, en partie, ce qui a permis d’attirer les promoteurs importants. En testant la levée de fonds efficace et rapide, les gros opérateurs choisissent plus facilement le crowdfunding dans leur envie de diversifier les sources de financement.
Attention, comme tout placement immobilier, le crowdfunding comporte un risque de perte en capital. En prêtant de l’argent à un promoteur via des obligations, il se peut que le projet ne rencontre pas le succès escompté. Dans certains cas, il existe des garanties financières auxquelles le promoteur doit souscrire. Renseignez-vous bien sur la santé financière et le savoir-faire du promoteur avant de vous lancer ou bien faites-vous accompagner par un professionnel.